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périssable et l’impérissable sont contraires l’un à l’autre, car la privation est une impuissance déterminée[1] (54). Mais, de toute nécessité, le périssable et l’impérissable différent génériquement : nous parlons ici du périssable et de l’impérissable considérés comme universaux. Il semblerait donc qu’entre un être impérissable quelconque et un être périssable, il n’y a pas nécessairement de différence spécifique, comme il n’y en a pas entre l’être blanc et l’être noir. En effet, le même être peut être blanc et noir, simultanément s’il appartient aux universaux ; ainsi l’homme est blanc et noir, successivement si c’est un individu ; ainsi le même homme peut être successivement blanc et noir, et pourtant le blanc et le noir sont opposés l’un à l’autre. Mais, parmi les contraires, les uns coexistent accidentellement dans certains êtres : tels sont ceux dont nous venons de parler, et une foule d’autres encore ; tandis que d’autres ne peuvent exister dans le même être : tels sont le périssable et l’impérissable. Il n’y a rien qui soit périssable accidentellement, car ce qui est accidentel peut ne pas exister dans les êtres. Or, le périssable existe de toute nécessité dans l’être où il existe ; sans cela, le même être, un être unique, serait à la fois périssable et impérissable, puisqu’il serait possible qu’il n’eût pas en lui le principe de sa destruction. Le périssable, par conséquent, ou bien est l’essence même de chacun des êtres périssables, ou bien réside dans l’essence de ces êtres. Même raisonnement pour l’impérissable ; car l’impérissable et

  1. Voyez liv. V, 22, t. I, p. 193,194.