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aussi ce n’est point la matière qui peut constituer une différence d’espèce entre le triangle d’airain et le triangle de bois ; il faut qu’il y ait contrariété dans la notion essentielle des figures.

Mais est-il vrai que la matière, bien qu’en quelque sorte différente, ne produise jamais de différence d’espèce ? N’en produit-elle point dans certains cas ? Pourquoi tel cheval diffère-t-il de tel homme ? La matière est pourtant comprise dans la notion de ces animaux. Pourquoi ? demande-t-on. C’est qu’il y a entre eux contrariété dans l’essence. C’est bien l’opposition de l’homme blanc et du cheval noir ; mais leur opposition spécifique, et non pas en tant que l’un est blanc et l’autre noir. Fussent-ils blancs l’un et l’autre, ils différeraient encore d’espèce entre eux.

Quant aux sexes mâle et femelle, ce sont des modifications propres de l’animal, il est vrai, mais non des modifications dans l’essence : ils n’existent que dans la matière, dans le corps. Aussi bien la même semence, soumise à telle ou telle modification, devient-elle ou femelle, ou mâle.

Nous venons de dire ce que c’est que la différence d’espèce, et pourquoi certains êtres diffèrent et d’autres ne diffèrent pas spécifiquement.

X.

Il y a différence d’espèce entre les contraires ; or, le