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donc d’abord de l’essence, car il est bon de passer du plus connu à ce qui l’est moins. C’est ainsi que tout le monde procède dans l’étude[1] : on va de ce qui n’est point un secret de la nature, mais une connaissance personnelle, aux secrets de la nature. Et de même que dans la pratique de la vie on part du bien particulier pour arriver au bien général, lequel est le bien de chacun, de même l’homme part de ses connaissances propres pour se rendre maître des secrets de la nature. Ces connaissances personnelles et premières sont souvent bien faibles ; elles ne renferment que peu ou point de vérité : cependant c’est en partant de ces connaissances vagues, individuelles, qu’il faut s’efforcer d’arriver aux connaissances absolues ; c’est au moyen des premières, comme nous venons de le dire, qu’on peut acquérir les autres.

  1. « Le point de départ de toute recherche, ce sont les choses que nous connaissons déjà. Il y a deux ordres de connaissances, les connaissances personnelles et les connaissances absolues : la raison nous dit qu’il faut partir de ce qui est connu personnellement. Celui donc qui prétend tirer quelque fruit de l’étude de l’honnête et du juste, ou, pour dire un seul mot, des devoirs, celui-là doit avant tout être un homme bien élevé et de bonnes mœurs… Un tel homme possède déjà les principes de la science, ou peut aisément les concevoir et les posséder. » Arist. Ethic. Nicom., I, 2, Bekker, p. 1095. — Dans le premier chapitre du premier livre de la Physique, Aristote avait déjà nettement établi le principe de l’étude. Nous ne transcrivons pas le passage, parce qu’il n’est pas, comme dans la Morale à Nicomaque, une application du principe mais une thèse générale, comme dans la Métaphysique, et, suivant l’habitude d’Aristote, développée de la même manière qu’ici, et à peu près dans les mêmes termes. Voyez Bekker p. 184.