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peut avoir lieu que pour les choses qui sont naturellement grandes ou petites.

Ainsi l’égal, c’est ce qui n’est ni grand ni petit, tout en ayant naturellement la propriété d’être grand ou petit. Il est opposé à tous les deux comme négation privative, et c’est pour cela qu’il est un intermédiaire. De même, ce qui n’est ni mauvais ni bon est opposé au bon et au mauvais, mais n’a pas reçu de nom ; et cela vient de ce que le bien comme le mal se prend dans plusieurs sens ; de ce que le sujet n’est pas un : il y aurait plutôt un sujet unique pour ce qui n’est ni blanc ni noir ; et pourtant ici même il n’y a pas réellement unité, seulement ce n’est qu’à certaines couleurs déterminées que s’applique cette même négation privative du noir et du blanc. En effet, il faut nécessairement que la couleur soit ou brune ou jaune, ou quelque autre chose de déterminé. Ils ont donc tort, d’après cela, ceux qui prétendent qu’il en est de même dans tous les cas j il y aurait donc entre la chaussure et la main un intermédiaire qui ne serait ni la chaussure ni la main, parce qu’il y a entre le bien et le mal ce qui n’est ni bien ni mal. Il y aurait donc des intermédiaires entre toutes choses. Mais cette conséquence n’est pas nécessaire. Il peut y avoir négation des deux opposés à la fois[1], dans les choses qui admettent quelque intermédiaire, entre lesquelles il y a naturellement un certain intervalle ; mais dans l’exemple que l’on cite, il n’y a pas différence. Les deux termes compris dans la

  1. Ἀντικειμένων συναπόφασις.