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riété il y a la privation de l’un des contraires ; mais cette privation n’est point de même nature dans tous les cas : l’inégalité est la privation de l’égalité, la dissimilitude de la similitude, le vice de la vertu. Mais il y a, comme nous l’avons dit, diverses sortes de privations. Tantôt la privation est un simple manque, tantôt elle est relative au temps, à une partie spéciale : par exemple, il peut y avoir privation à une certaine époque, privation dans une partie essentielle, ou privation absolue. C’est pour cela qu’il y a des intermédiaires dans certains cas (il y a, par exemple, l’homme qui n’est ni bon ni méchant), et dans d’autres non : il faut nécessairement que tout nombre soit pair ou impair. Enfin, il est des privations qui ont un sujet déterminé, d’autres qui n’en ont pas.

Il est donc évident que toujours l’un des contraires est la privation de l’autre. Il suffira, du reste, que cela soit vrai pour les premiers contraires, ceux qui sont comme les genres des autres, ainsi l’unité et la pluralité ; car tous les autres se ramènent à ceux-là.


V.

L’unité étant opposée à une unité, on pourrait se poser cette difficulté : Comment l’unité est-elle opposée à la pluralité (car tous les contraires se ramènent