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ainsi que pour les quantités, une unité, une nature particulière, il faut bien, évidemment, qu’on se pose cette question en général : Qu’est-ce que l’unité ? comme on se demande : Qu’est-ce que l’être ? Il ne suffit pas de dire que l’unité, c’est la nature de l’unité. Dans les couleurs, l’unité est une couleur ; c’est le blanc, par exemple. Toutes les couleurs semblent venir du blanc et du noir ; mais le noir n’est que la privation du blanc, comme les ténèbres sont la privation de la lumière, car les ténèbres ne sont réellement qu’une privation de lumière. Admettons que les êtres soient des couleurs ; alors les êtres seraient un nombre, mais quelle espèce de nombre ? Évidemment un nombre de couleurs ; et l’unité proprement dite serait une unité particulière, par exemple, le blanc. Si les êtres étaient des accords, les êtres seraient un nombre, un nombre de demi-tons ; mais la substance des accords ne serait pas un nombre seulement ; et l’unité aurait pour substance, non pas l’unité pure et simple, mais le demi-ton. De même encore si les êtres étaient les éléments des syllabes, ils seraient un nombre, et l’unité serait l’élément voyelle ; enfin ils seraient un nombre de figures, et l’unité serait le triangle, si les êtres étaient des figures rectilignes. Le même raisonnement s’applique à tous les autres genres.

Ainsi, dans les modifications, dans les qualités, dans les quantités, dans le mouvement, il y a toujours des nombres et une unité : le nombre est un nombre de choses particulières, et l’unité est un objet particulier, mais n’est pas elle-même la substance de cet ob-