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sont pas toutes indivisibles de la même manière : voyez le pied et la monade. Il y a des unités absolument indivisibles ; d’autres admettent, comme nous l’avons dit déjà, une division en parties indivisibles pour le sens, car probablement tout continu peut se diviser. Du reste, la mesure d’un objet est toujours du genre de cet objet. En général, c’est la grandeur qui mesure la grandeur ; et en particulier on mesure la longueur par la longueur, la largeur par la largeur, le son par le son, la pesanteur par la pesanteur, les monades par la monade. C’est ainsi qu’il faut exprimer ce dernier terme, et non pas dire que le nombre est la mesure des nombres ; ce qu’on devrait dire en apparence, puisque la mesure est du même genre que l’objet. Mais parler ainsi, ce ne serait pas dire ce que nous avons dit ; ce serait dire : La mesure des monades ce sont les monades, et non pas c’est la monade ; le nombre est une multitude de monades.

Nous donnons aussi à la science et à la sensation le nom de mesure des choses, par la même raison qu’à l’unité : elles nous donnent la connaissance des objets. En réalité, elles ont plutôt une mesure[1], qu’elles ne servent de mesure elles-mêmes ; mais nous sommes, relativement à la science, comme dans le cas où quelqu’un nous mesure : nous connaissons quelle est notre taille, parce qu’il a appliqué tant de fois la coudée sur nous[2].

  1. Aristote veut parler des limites imposées à la science et à la connaissance sensible par la nature même des choses. Voyez plus bas, à la fin du chap. VI.
  2. « Si j’étais mesuré par quelqu’un, et que je connusse que j’ai deux coudées parce qu’on aurait appliqué deux fois la coudée sur ma personne, je pourrais dire que je me suis mesuré, parce que je sais quelle est ma taille : mais en réalité j’aurais été mesuré. C’est ainsi que nous disons que la science sert de mesure, parce qu’elle nous fait a connaître les choses ; mais, en réalité, elle est mesurée par les choses. » Alexandre, Schol., p. 787 ; Sepulv., p. 251.