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III.

Substance a, sinon un grand nombre de sens, du moins quatre sens principaux[1] : la substance d’un être, c’est, à ce qu’il semble, ou l’essence, ou l’universel, ou le genre, ou enfin le sujet. Le sujet, c’est ce dont tout le reste est attribut, ce qui n’est attribut de rien. Examinons donc d’abord le sujet ; car la substance, ce doit être avant tout le sujet premier. Le sujet premier est, dans un sens, la matière, dans un autre sens, la forme, et en troisième lieu, l’ensemble de la forme et de la matière[2]. Par matière j’entends l’airain, par exemple ; la forme, c’est la figure idéale ; l’ensemble, c’est la statue réalisée. D’après cela, si la forme est antérieure à la matière, si elle a, plus qu’elle, le caractère de l’être, elle sera antérieure aussi,

  1. Voyez liv. V, 8, t. I, p. 169. Voyez aussi les Catégories ch. 5 ; Bekk., p. 2, 3, 4.
  2. Ici, nous sommes assez loin de la théorie des quatre principes telle qu’elle est formulée dans le premier livre. Mais la confusion n’est qu’apparente. On a vu dans le cinquième livre déjà comment telle et telle condition de plus et de moins faisait changer complètement la signification des termes philosophiques. Il faut s’attacher, dans Aristote, à la suite des idées, et ne pas regarder trop à l’expression. Tel mot, qu’il a pris d’abord dans un sens vulgaire, se montre, à mesure que nous avançons dans la science, sous d’autres aspects, et finit même, comme le mot ὑποϰείμενον, par s’identifier, sous un point de vue, avec d’autres expressions qui semblent avoir un sens tout différent.