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ne se meut pas en puissance, à moins qu’on n’entende par là la puissance de passer d’un lieu dans un autre. Rien n’empêche que cet objet, soumis à un mouvement éternel, ne soit éternel. C’est pour cela que le soleil, les astres, le ciel tout entier, sont toujours en acte ; et il n’y a pas à craindre qu’ils s’arrêtent jamais, comme le craignent les Physiciens[1] : ils ne se lassent point dans leur marche, car leur mouvement n’est point comme celui des êtres périssables, l’action d’une puissance qui admet les contraires. Ce qui fait que la continuité du mouvement est fatigante pour ces derniers, c’est que la substance des êtres périssables, c’est la matière, et que la matière existe seulement en puissance, et non en acte. Toutefois certains êtres soumis au changement sont eux-mêmes sous ce rapport une image des êtres impérissables ; tels sont le feu, la terre. En effet, il sont toujours en acte, car ils ont le mouvement par eux-mêmes et en eux.

Les autres puissances que nous avons déterminées, admettent toutes les contraires : ce qui a la puissance de produire un mouvement de telle nature, peut aussi ne le pas produire (je parle ici des puissances rationnelles). Quant aux puissances irrationnelles, elles admettent aussi les contraires, en tant qu’elles peuvent être ou ne pas être. Si donc il y avait des natures, des substances du genre de celles dont parlent les partisans de la doctrine des idées, un être quelconque serait bien plus savant que la science en

  1. Empédocle, notamment, et ses sectateurs, suivant Alexandre et Philopon.