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LIVRE IX.

Il faut donc de toute nécessité que la notion précède ; toute connaissance doit s’appuyer sur une connaissance[1].

Voici, sous le rapport du temps, comment il faut entendre l’antériorité : l’être qui agit est antérieur génériquement, mais non point quant au nombre ; la matière, la semence, la faculté de voir, sont antérieures, sous le rapport du temps, à cet homme qui est actuellement en acte, au froment, au cheval, à la vision ; elles sont, en puissance, l’homme, le froment, la vision, mais elles ne les sont pas en acte. Ces puissances viennent elles-mêmes d’autres êtres, lesquels sous le rapport du temps sont en acte antérieurement à elles ; car il faut toujours que l’acte provienne de la puissance, par l’action d’un être qui existe en acte : ainsi, l’homme vient de l’homme, le musicien se forme sous le musicien ; il y a toujours un premier moteur, et le premier moteur existe déjà en acte.

Nous avons dit, en parlant de la substance[2], que tout ce qui est produit vient de quelque chose, est produit par quelque chose ; et que l’être produit est de même espèce que le moteur. Aussi est-il impossible, ce semble, d’être constructeur sans avoir jamais rien construit ; joueur de flûte sans avoir joué, car c’est en jouant de la flûte qu’on apprend à en jouer. De même pour tous les autres cas. Et de là cet argument sophistique, Que celui qui ne connaît pas une science fera donc les choses qui sont l’objet de cette

  1. Voyez liv. IV, 3, t. I, p. 113 sqq.
  2. Liv. VII, 7 sqq.