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MÉTAPHYSIQUE D’ARISTOTE.

VIII.

Nous avons établi de combien de manières s’entend la priorité[1] ; et il est évident, d’après ce que nous avons dit, que l’acte est antérieur à la puissance. Et par puissance je n’entends pas seulement la puissance déterminée, celle qu’on définit, le principe du changement placé dans un autre être en tant qu’autre, mais en général tout principe de mouvement ou de repos. La nature[2] est dans ce cas ; il y a entre elle et la puissance identité de genre, elle est un principe de mouvement, non point placé dans un autre être, mais dans le même être en tant que lui-même. Pour toutes les puissances de cette espèce, l’acte est antérieur à la puissance, et sous le rapport de la notion, et sous le rapport de l’essence ; sous le rapport du temps, l’acte est quelquefois antérieur, quelquefois non. Que l’acte est antérieur sous le rapport de la notion, c’est ce qui est évident. La puissance première n’est puissante que parce qu’elle peut agir. C’est dans ce sens que j’appelle constructeur celui qui peut construire, doué de la vue celui qui peut voir, visible ce qui peut être vu. Le même raisonnement s’applique à tout le reste.

  1. Liv. V, 11, t. I, p. 174 sqq.
  2. Voyez liv. V, 4, t. I, p. 155 sqq., et Phys. auscult., II, 1, Bekker, p. 192, 193.