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même que le corps et le solide. De plus, les uns pensent qu’il n’y a rien qui soit substance, en dehors des êtres sensibles[1] ; les autres admettent plusieurs substances, et les substances, ce sont avant tout, selon eux, les êtres éternels : ainsi Platon dit que les idées et les êtres mathématiques sont d’abord deux substances, et qu’il y en a une troisième, la substance des corps sensibles. Speusippe[2] en admet un bien plus grand nombre encore : la première, c’est, selon lui, l’unité ; puis il y a un principe particulier pour chaque substance ; un pour les nombres, un autre pour les grandeurs, un autre pour l’âme ; c’est ainsi qu’il multiplie le nombre des substances. Il est enfin quelques philosophes qui regardent comme une même nature et les idées et les nombres ; et tout le reste suivant eux en dérive : les lignes, les plans, jusqu’à la substance du ciel, jusqu’aux corps sensibles.

Qui a raison ; qui a tort ? Quelles sont les véritables substances ? Y a-t-il, oui ou non, d’autres substances que les substances sensibles, et s’il y en a d’autres, quel est leur mode d’existence ? Y a-t-il une substance séparée des substances sensibles ; pourquoi et comment ? ou bien n’y a-t-il rien autre chose que les substances sensibles ? Telles sont les questions qu’il nous faut examiner, après avoir exposé d’abord ce que c’est que la substance.

  1. L’école d’Ionie et l’École atomistique.
  2. Neveu et héritier de Platon. Xénocrate, selon Asclépius, partageait l’opinion de Speusippe. Schol. in Arist., p. 740.