Comme toutes les actions[1] qui ont un terme ne sont pas elles-mêmes un but, mais tendent à un but : ainsi le but de l’amaigrissement est la maigreur ; ces actions, telles que l’amaigrissement, sont, il est vrai, des mouvements, mais ne sont point le but du mouvement ; on ne peut considérer ces faits comme des actes, du moins comme des actes complets, car ils ne sont pas un but, mais seulement tendent au but et à l’acte. On peut voir, on peut concevoir, penser, et avoir vu, conçu, pensé ; mais on ne peut pas apprendre et avoir appris la même chose, guérir et avoir été guéri ; on peut bien vivre et avoir bien vécu, être heureux et avoir été heureux tout à la fois : sans cela, il faudrait qu’il y eût des points d’arrêt dans la vie, comme il peut arriver pour l’amaigrissement ; mais c’est ce qui n’a jamais lieu : on vit et on a vécu. De ces différents modes appelons les uns mouvements, les autres actes[2] ; car tout mouvement est incomplet, ainsi l’amaigrissement, l’étude, la marche, la construction ; et les différents modes dont nous avons parlé sont des mouvements et des mouvements incomplets. On ne peut point faire un pas et l’avoir fait en même temps, bâtir et avoir bâti, devenir et être devenu, imprimer ou recevoir un mouvement, et l’avoir reçu. Le moteur diffère de l’être en mouvement ; mais le même être au contraire peut en même temps voir, et avoir vu, penser, et avoir pensé : ce sont ces derniers faits que j’appelle des actes, les autres ne sont que des mouve-