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LIVRE IX.

celui qui a la faculté de bâtir ; l’être qui est éveillé, relativement à celui qui dort ; l’être qui voit, par rapport à celui qui a les yeux fermés, tout en ayant la faculté de voir ; l’objet tiré de la matière relativement à la matière : ce qui est fait, par rapport à ce qui n’est point fait. Donnons le nom d’acte aux premiers termes de ces diverses relations ; les autres termes sont la puissance.

Acte ne s’entend pas toujours de la même manière, si ce n’est par analogie ; on dit : tel objet est dans tel autre ou relatif à tel autre ; on dit aussi : tel objet est en acte dans tel autre, ou relativement à tel autre. Car l’acte signifie tantôt le mouvement relativement à la puissance, tantôt l’essence relativement à une certaine matière. La puissance et l’acte, pour l’infini, le vide, et tous les êtres de ce genre, s’entendent d’une autre manière que pour la plupart des autres êtres, tels que ce qui voit, ce qui marche, ce qui est vu. Dans ces derniers cas, l’affirmation de l’existence peut être vraie soit absolument, soit dans telle circonstance donnée. Visible se dit ou de ce qui est vu réellement, ou de ce qui peut être vu. Mais la puissance, pour l’infini, n’est pas d’une nature telle que l’acte puisse jamais se réaliser, sinon par la pensée : en tant que la division se prolonge à l’infini, on dit que l’acte de la division existe en puissance ; mais il n’existe jamais séparé de la puissance[1].

  1. Aristote démontre dans la Physique, liv. III, 8, Bekk., p. 204 ; liv. IV, 8. Id., p. 214, 15, 16, que ni l’infini, ni le vide n’existent en acte dans les êtres.