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Pour l’homme la pensée diffère de son objet, il n’y a pas identité entre la puissance et le but ; aussi la pensée humaine n’est-elle pas l’actualité absolue. Pour l’intelligence divine il ne peut en être ainsi. Car si sa pensée dépendait d’un autre principe, son essence ne serait pas la pensée, mais une simple puissance ; elle ne serait plus alors l’essence la meilleure ; la pensée deviendrait pour elle une fatigue. Penser, voilà l’état habituel de la divinité, et en pensant elle ne pense pas autre chose qu’elle-même ; elle pense une chose indivisible, car c’est elle-même, la pensée absolue, le bien, qu’elle pense de toute éternité. « L’intelligence se pense elle-même, en tant que saisissant l’intelligible ; car elle devient intelligible elle-même à ce contact, à ce penser : il y a donc identité entre l’intelligence et l’intelligible… La possession de l’intelligible est l’actualité de l’intelligence. » Dieu est donc l’actualité pure et absolue ; en dehors de la pensée qui est son essence, il n’y a rien pour lui ; il ne pense que lui-même, il est la pensée de la pensée.

Dieu, en tant qu’intelligible, est encore le bien ; et c’est à ce titre qu’il est la cause du mouvement de tous les êtres. En tant que pensée toujours en acte, il jouit d’une félicité éternelle et parfaite. La jouissance, pour l’homme, c’est l’action, mais son action commence et finit, elle est imparfaite, son bonheur ne saurait donc être complet. Le bonheur véritable n’appartient qu’à l’être dont l’existence est en même temps l’actualité absolue ; Dieu seul est parfaitement heureux, seul il jouit de l’absolue félicité.

Au premier rang parmi les substances sensibles se