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gent l’une dans l’autre, il faut qu’elles aient une matière commune, ou en d’autres termes qu’elles ne diffèrent point de genre. Il n’y a point de matière commune entre le périssable et l’impérissable[1] ; le passage de l’un à l’autre est impossible. Il n’y a changement que du contraire au contraire, et les contraires appartiennent nécessairement au même genre. Il y a donc entre chaque contraire une matière qui est l’un et l’autre en puissance, qui peut par conséquent devenir l’un ou l’autre, selon l’action des circonstances, l’impulsion de la cause motrice, mais qui n’est point et ne peut devenir l’un et l’autre à la fois.

Que si l’on demande maintenant pourquoi l’homme devient non-homme, pourquoi il est sujet à destruction, quant au corps du moins, il suffit de répondre qu’il y a en lui une matière, que par elle-même cette matière n’est ni l’homme ni le non-homme, mais qu’elle peut affecter diverses formes ; qu’elle est, en puissance, et l’homme et la privation. La seule cause du changement, non point la cause motrice, mais la puissance, ce qui rend le changement possible, c’est la matière : on peut conclure de là, avec Aristote, que toute substance immatérielle est par cela seul immuable, à l’abri de toute altération.

La démonstration de la nécessité d’un premier moteur tient peu de place dans la Métaphysique : c’était pour Aristote un point déjà traité, une question déjà résolue ailleurs[2]. Aristote ne fait que résumer l’argument en quelques mots. Tout mouvement suppose

  1. Mét., XI.
  2. Physic. ausc., VIII.