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de l’objet, la forme est donc encore sous un autre point de vue la cause productrice. Telle forme ne se produit point elle-même, mais la forme produit une forme analogue, l’homme engendre un homme, l’arbre produit un arbre.

La théorie de l’acte vient appuyer encore ces conclusions. L’acte est l’opposé de la puissance ; il se prend ou pour le mouvement par rapport à la force motrice, ou pour l’essence et la forme par opposition à la matière indéterminée[1] ; mais, de ces deux acceptions, la seule qui convienne réellement à l’acte, c’est l’essence et la forme. Le mouvement n’est pas un acte véritable ; c’est un acte incomplet, ou plutôt ce n’est que le passage de la possibilité à l’acte[2]. À ce titre qu’elle est l’actualité véritable et complète, la forme est réellement une cause finale ; elle est le but du mouvement ; elle est le bien pour l’objet dont elle est l’essence ; elle est antérieure à la puissance même, dans les objets matériels. Elle lui est antérieure et sous le rapport de la substance, et sous le rapport de la notion, et sous le rapport du temps. En effet, la forme de l’homme est antérieure à l’enfant : l’homme est antérieur à la semence, la matière n’est en acte que lorsqu’elle a la forme. L’antériorité sous le rapport de la notion n’est pas moins évidente : le constructeur, comme dit Aristote, est celui qui peut construire, qui a appris par conséquent ; la connaissance a dû nécessairement précéder, et c’est en construisant qu’on apprend à construire. Enfin, sous le rapport

  1. Mét., IX.
  2. Mét., IX 9, et XI sub fin.