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monde, qu’il n’avait été possible à Platon de supprimer les individus, quoiqu’il y fût conduit logiquement par son principe.

Si nous comparions Aristote à Pythagore, nous trouverions la même différence en apparence, et au fond, le même rapport. Les Pythagoriciens ne séparaient pas la substance, des individus, et ils échappaient par là à quelques-unes des inconséquences des Platoniciens ; mais ils formaient l’individu avec une substance universelle, sans expliquer ce qui constituait l’individu : sous ce point de vue, leur doctrine est identique à celle de Platon.

Si, pénétrant plus avant dans la théorie de la forme, nous l’étudions sous le rapport de la puissance et de l’acte, de l’unité et de la pluralité, si nous appliquons cette théorie à la production et à la destruction des êtres, nous aurons à signaler encore des différences fondamentales entre la forme d’un côté, et de l’autre le nombre et l’idée, mais nous trouverons aussi de nouvelles analogies, et bien plus remarquables encore. Mais avant de passer à l’étude de la forme considérée soit comme acte et cause finale, soit comme principe de mouvement et cause d’existence, soit enfin comme unité dans la pluralité, car elle a tous ces caractères, il est indispensable de se former une idée de son contraire, c’est-à-dire du principe matériel, qui, sous tous les rapports, est opposé à la forme.

Dans tous les êtres sensibles, il y a, sous les qualités, les modifications, un élément constitutif, une matière, qui n’a par elle-même ni forme, ni qualité, et qui, par conséquent, peut recevoir toutes les formes. La matière