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différence prise à volonté, mais la différence propre, caractéristique, de l’individu dont il s’agit, en un mot, la dernière différence ; or, une telle définition, c’est la notion de l’essence même de l’objet.

Il était difficile de trancher plus nettement la question. Appuyé sur cette vérité incontestable, que la substance propre d’un objet ne peut être que dans cet objet même, Aristote met dans tout son jour le vice des doctrines de Platon et de Pythagore : mais, oubliant d’un autre côté que la forme de l’objet, c’est-à-dire sa notion, sa cause d’existence, n’est pas seulement dans l’objet lui-même ; qu’avant d’être dans l’objet, elle a dû être ailleurs, sinon réalisée, du moins comme puissance, comme raison d’être ; que la forme de chacun des êtres de la nature a dû être pensée par Dieu comme la forme de la maison a dû être pensée par l’architecte ; que cette pensée de Dieu a dû porter non seulement sur les individus, mais aussi sur les genres qui le comprennent, sur l’universel comme sur le particulier ; oubliant, disons-nous, cette vérité, non moins incontestable que la première, il refuse d’admettre, à quelque titre que ce soit, cette substance universelle qui fait le fonds de la doctrine de Platon et de Pythagore. L’universel, répète-t-il souvent, ne peut pas être substance[1]. Il n’y a, selon lui, d’autres substances que celles des individus ; et la substance d’un individu, c’est celle qui n’est point commune à plusieurs autres. L’universel, au contraire, est commun à plusieurs êtres ; il désigne la manière d’être, un mode de l’existence, mais non pas l’existence déterminée. « Ni l’unité, ni

  1. Mét., VII, et passim.