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tères : telle est du moins la signification générale de son système. Pour Platon, au contraire, la forme, l’idée n’est que le type général.

Les deux systèmes sont opposés sans s’exclure ; ou plutôt ils s’appellent l’un l’autre ; la vérité ne peut se trouver que dans leur conciliation. Oui, la substance de chaque être est véritablement la forme déterminée, le caractère propre, la différence, pourvu qu’on admette aussi, qu’indépendamment de cette détermination propre, chaque individu réalise en lui un type général, que dans chaque être la généralité se montre à côté de la particularité. Socrate est lui-même, il est un être déterminé, mais Socrate est aussi membre de l’humanité ; et l’humanité se manifeste en lui, comme elle se manifeste dans chacun des membres de l’humanité.

Quelque naturelle que soit cette conséquence, Aristote la repousse de toute sa force. Ce qu’il voit surtout, ce qu’il voit presque uniquement dans la nature, c’est l’individu ; cela résulte clairement de la théorie de la définition appliquée à la forme. Il admet, comme Platon, que l’essence des êtres c’est ce dont il y a définition ; et par définition, il faut entendre ce qui exprime un objet premier, c’est-à-dire un objet dont la notion ne peut être rapportée à un autre objet. Partant d’une donnée commune, Platon et Aristote se séparent aussitôt : toute définition contient deux termes, le genre et la différence ; Platon regarde le genre comme l’essence des êtres, Aristote s’attache au contraire à la différence[1]. La définition est, selon l’expression d’Aristote, la notion fournie par la différence ; non pas telle

  1. Mét., VII.