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il l’analyse, la décompose en ses divers éléments, la ramène à ses principes ; puis il demande compte à ces principes des diverses transformations de la matière, de la production et de la destruction ; et enfin, quand il a reconnu que ces principes ne suffisent pas, quand une étude approfondie des êtres matériels a démontré qu’ils ne peuvent exister seuls, qu’ils n’ont point leur raison dans eux-mêmes, alors, mais alors seulement, il s’élève à la notion d’une autre substance ; il passe du relatif à l’absolu, de la pluralité à l’unité, et cherche à concilier l’un avec l’autre, à rendre raison et de l’unité de l’être et de l’infinie diversité des existences individuelles.

Toutes les questions ontologiques peuvent se ramener à celle-ci : Qu’est-ce que la substance ? car la substance c’est l’être lui-même, l’être pris absolument, l’être premier sous le rapport de la notion, sous le rapport du temps et de la nature[1]. Cette question a été traitée plus ou moins explicitement par tous les philosophes, et la réponse qu’ils lui ont donnée est le résumé, la plus haute expression de tout leur système.

Si l’on dit que la substance est la matière, on tombe nécessairement dans les erreurs des Physiciens ; et alors, ou bien on ne donne à la matière que ses véritables caractères, on la regarde comme un être abstrait, indéterminé, et l’on est ainsi dans l’absolue impossibilité d’expliquer les phénomènes sensibles, lesquels sont tous déterminés, définis ; ou bien, et ç’a été là l’erreur générale, on est obligé de donner à la matière des carac-

  1. Mét., VII, 1.