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losophie première ont été fixées : nous savons qu’elle est l’étude de l’être en lui-même, qu’elle ne se borne pas, comme les autres sciences spéculatives, à l’examen d’êtres sensibles ou mathématiques, mais qu’elle aspire à la connaissance de l’être proprement dit, c’est-à-dire de l’être indépendant et immuable : elle est l’étude de l’absolu. Il nous reste à suivre Aristote sur ce terrain ; à voir la solution qu’il a donnée à cette question si difficile et si controversée de l’être premier ; à comparer son système à ceux de ses devanciers, et à montrer les liens secrets qui, sous l’apparence d’une diversité absolue, rattachent ses doctrines à celles de Platon et de Pythagore. Il est aisé de se convaincre, à la lecture de la Métaphysique, qu’Aristote a été continuellement préoccupé des doctrines de Pythagore et surtout de l’ontologie de Platon. Il semble qu’il craigne par-dessus tout de se rencontrer avec son maître ; il oppose continuellement son système au système de Platon ; à chaque instant il revient sur la théorie des idées, il la présente et l’attaque sous diverses faces. Aristote est novateur, et il ne veut pas qu’on l’ignore. Toutefois il n’y a pas aussi loin de Platon à Aristote qu’on pourrait se le figurer ; la différence est plutôt dans la forme que dans le fond du système : le soin même que prend Aristote de revenir continuellement sur cette différence est bien fait pour inspirer quelques doutes ; il prouve du moins que la distinction est délicate, qu’elle n’est pas toujours facile à saisir.

L’ontologie est la science de l’être en lui-même ; mais l’être absolu, indépendant, ne tombe point sous nos sens ; nous le concevons, nous ne le percevons pas : les