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dont on parle, et de plus elle est la conception même, elle est une véritable hypothèse dont on déduit peu à peu toutes les conséquences. Elle est donc véritablement, à ce titre, le principe, le point de départ de la science. Il n’en est pas ainsi dans les sciences de faits : là, il n’est point possible de poser a priori un principe qui renferme en lui-même toutes les déductions que l’analyse se chargera d’en tirer ultérieurement. Dans les sciences de faits, la définition n’est pas au début, elle est au point d’arrivée, elle est la conséquence, le résultat de la science ; elle ne peut être complète qu’au moment où la science est complète elle-même. Pour définir l’être, la substance, il faut les connaître non point vaguement, mais d’une manière précise ; il faut les avoir étudiés sous tous les rapports, être descendu aux derniers degrés de l’analyse. Si Aristote part de certaines définitions, il n’en fait point cependant des principes a priori, comme les définitions mathématiques ; il ne tire point son ontologie des définitions ; ce serait bien plutôt le contraire. S’il définit, c’est pour nous montrer par avance le but qu’il se propose d’atteindre. Il possède déjà la science pour lui-même, il veut l’enseigner ; il peut donc sans inconvénient nous montrer dés l’abord les résultats qu’il a obtenus ; c’est un moyen de nous guider, de nous encouragera le suivre : ignoti nulla cupido.

C’est une méthode tout autre qui le dirigeait, alors qu’il cherchait la vérité : là, il a dû observer ; mais il ne définissait pas. Un seul exemple suffira pour nous en convaincre. Prenons la définition de la cause[1]. La

  1. Mét., V, 2.