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cisme du bout des lèvres, mais tout ce qu’on dit, comme le remarque Aristote, il n’est pas nécessaire qu’on le pense.

Ne pourrait-on pas cependant, sans attaquer directement le principe de contradiction, prétendre qu’entre deux contraires il y a un intermédiaire qui n’est ni l’un ni l’autre, ou bien qui est tout à la fois l’un et l’autre ? Dans l’une comme dans l’autre supposition, suivant Aristote, la production, le changement sont impossibles. Il faudrait d’ailleurs admettre une infinité d’intermédiaires ; enfin on aboutirait à dire, comme dans les systèmes précédents, qu’il n’y a ni vrai ni faux, que tout est indéterminé.

Pour échapper à ces conclusions, il n’y a qu’un seul moyen, c’est de déterminer, de définir, ou en d’autres termes, d’exprimer quelque chose ; car la notion dont les mots sont le signe, est la définition de la chose dont on parle[1]. Partant de ce principe, Aristote définit les différents termes qu’il doit employer dans la suite de son ouvrage[2]. Mais il faut prendre garde de se tromper sur la valeur et le rôle de ces définitions ; il ne faut pas croire, comme on a été souvent tenté de le faire, que les définitions, en philosophie, soient des principes généraux, des axiomes dont la science déduit une multitude de conséquences particulières. La philosophie est une science de faits, et les définitions, dans les sciences de faits, ne peuvent avoir ce caractère. La définition dans les mathématiques joue un double rôle : elle sert à fixer la notion de la chose

  1. Mét. IV, et pass.
  2. Tout le Ve livre : Περὶ τῶν ποσαχῶς λεγομένων.