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laient une critique approfondie, une sévère appréciation.

À ceux qui contestent la certitude du principe de contradiction, Aristote ne demande qu’une seule chose, désigner, déterminer un objet, quel que soit le mot qu’ils emploient, quelque sens qu’ils attribuent à ce mot. Soit par exemple le mot homme ; il désigne un objet, un être déterminé ; il n’en désigne qu’un seul, au moins pour la pensée actuelle, car il faudrait avoir perdu le sens pour attribuer au même mot une multitude de significations. Du moment que vous avez désigné un objet unique, vous avez déterminé quelque chose, vous avez admis implicitement le Principe. Prétendre le contraire, dire que l’homme et ce qui n’est pas l’homme sont la même chose, c’est dire qu’il n’y a rien de déterminé, c’est anéantir le langage, c’est rendre la pensée impossible ; car toute pensée, exprimée ou non, doit porter sur quelque chose de déterminé ; l’existence seule de la pensée dément les assertions des Sophistes.

D’un autre côté on ne peut pas prétendre que le même être est et n’est pas, que rien n’est déterminé, sans nier en même temps l’existence de la forme et de l’essence des êtres. Si l’homme et le non-homme, pour parler comme Aristote, sont identiques, il n’existe rien qui constitue l’essence de l’homme, tout est accident dans le monde, il ne peut plus y avoir aucun principe universel. Mais l’accident est toujours l’attribut d’un sujet ; et s’il n’y a pas de sujet déterminé, il faudra prolonger à l’infini la chaîne des accidents, et dire qu’il n’y a que des accidents d’accidents ; or, cela