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quelque chose de plus, il veut la vérité elle-même, et il établit tout d’abord qu’elle existe, que l’homme peut la saisir et la posséder.

Ce n’est point par voie de démonstration qu’Aristote prétend établir le principe de toute vérité ; ce serait tenter l’impossible, l’ignorance seule oserait entreprendre une pareille tâche. Mais toute vérité ne veut pas être démontrée ; on remonterait sans cela à l’infini, on verrait fuir éternellement devant soi la certitude et la démonstration même. Pour que la démonstration soit possible, il faut qu’il y ait des vérités premières, incontestables, évidentes par elles-mêmes, principes de toute démonstration. C’est à ces vérités qu’il faut s’arrêter, c’est sur elles qu’il faut faire reposer la science. Le plus sûr de tous les principes, celui sur lequel s’appuient tous les autres, c’est le principe de contradiction, qui peut se formuler ainsi :

Il est impossible que, sous le même rapport, le même attribut appartienne et n’appartienne en même temps au même sujet.

Le quatrième livre est presque tout entier consacré à l’examen de ce principe. Le scepticisme, avant l’apparition de la Métaphysique, s’était déjà présenté sous bien des formes ; plus d’un système avait abouti à nier la possibilité de la science. Malgré tous les efforts de Platon, il restait dans les abords de la philosophie une multitude d’obstacles qu’il importait de détruire, des doutes qui s’autorisaient de faits réels, qui s’entouraient d’arguments spécieux, propres à séduire même parce qu’ils avaient de paradoxal, et qui appe-