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comprend l’étude du monde dans toute son étendue, du monde intelligible comme du monde sensible ; en elle viennent se résumer l’unité et l’infinie variété des êtres ; elle ne connaît d’autres limites que les bornes de la pensée humaine.

En sa qualité de science universelle, la philosophie est aussi appelée à vérifier les principes logiques du raisonnement. Toutes les sciences particulières les adoptent, aucune ne les soumet à l’examen, aucune n’en a le droit. Les axiomes embrassent tout ce qui est, et non pas tel ou tel genre d’êtres ; celui-là seul pourra prononcer sur l’autorité de ces principes, qui aura la science de l’être en tant qu’être. Toutes les sciences prennent l’être pour point de départ, et doivent par conséquent s’appuyer sur les axiomes ; mais, n’étudiant pas l’être sous tous ses rapports, elles ne peuvent contrôler des principes universels. Pour donner les principes les plus certains de ce qui est, il faut avoir la connaissance de l’être en tant qu’être, et, selon Aristote, le seul qui possède cette connaissance, c’est le philosophe[1]. L’examen des axiomes est donc un des principaux objets de la philosophie.

Quelle que soit cependant l’étendue de la philosophie première, elle a des bornes qu’il faut indiquer. Science de l’être en lui-même, et des propriétés, des modifications essentielles de l’être, elle ne peut embrasser l’étude de l’être accidentel, ni examiner ses causes ; l’accident n’a pas de cause proprement dite. Aucune science ne tient compte de l’accident, l’acci-

  1. Mét., liv. IV.