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la matière pouvait se prêter à cette reproduction. « Le monde est matériel, sensible ; il a été formé par conséquent, il a un auteur, et si nous ne pouvons pas arriver à une notion claire de cet auteur, nous pouvons du moins nous demander d’après quels modèles il a formé le monde[1]. »

Élevons-nous plus haut encore ; au lieu de faire des idées des types spéciaux, indépendants de la divinité, disons que l’idée n’est que la pensée de Dieu, que Dieu réalise dans l’univers cette pensée éternelle ; au lieu d’anéantir l’idée comme le fait Aristote, rapportons-la à un principe supérieur, et alors elle devient réellement productrice ; elle est le principe des êtres sensibles, et il est vrai de dire, dans ce sens, qu’ils en participent, qu’ils en sont une représentation, une ombre affaiblie.

Ce qu’Aristote a vu surtout, c’est le caractère propre de chaque être, c’est la forme particulière de chaque individu ; le point de vue de Platon était différent, sans être moins vrai pour cela : Platon s’est attaché aux caractères communs des individus, il est parti de là pour expliquer l’univers. Et en effet, il n’y a pas dans la nature, seulement des objets particuliers, tel arbre, puis tel autre, Socrate et Callias ; il y a l’arbre, l’homme en général. Nous sommes forcés par une nécessité rationnelle d’admettre que nos idées générales ne sont pas de pures conceptions ; qu’il y a une correspondance parfaite entre la pensée de l’homme et les lois de l’univers, la pensée éternelle. Nos idées

  1. Timée.