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il constate son existence ; mais une fois ce point bien examiné, bien développé, bien connu, il passe à une généralité supérieure, il arrive à l’idée de Dieu, et toutes les contradictions qui pouvaient subsister encore, s’effacent complétement du haut de ce point de vue. L’idée ne peut rien produire ; Aristote l’a dit avec raison, et Platon le reconnaît avec lui ; mais il y a loin de là à supprimer la cause du mouvement. La forme ne produit rien non plus dans le système d’Aristote ; et cependant Aristote admet le mouvement, la cause de la production et de la destruction, il en fait un principe à part. Au-dessus de l’idée il y a Dieu, qui forme, qui organise ; la divinité est pour Platon le véritable principe du mouvement. Sans doute, il semble donner aux idées une trop grande autorité ; il prête le flanc aux fausses interprétations, quand il dit que la divinité a formé le monde, les yeux fixés sur les idées[1] ; ces conséquences ont même été admises : des Platoniciens ont pensé que Dieu n’avait pas pu créer le monde sans un modèle indépendant de lui, et les Épicuriens tiraient de là un de leurs arguments contre la création[2]. Mais il n’en est pas moins vrai que Platon reconnaît l’action d’une cause motrice, qu’il explique par ce principe les phénomènes de l’univers. C’est Dieu qui a employé la matière, principe passif et inerte, qui lui a donné sa forme, c’est-à-dire qui a reproduit en elle les exemplaires éternels ; autant du moins que l’imperfection de

  1. Timée.
  2. Exemplum porro gignundis rebus, et ipsa
    Notities hominum, divis unde insita primum ?

    Lucr., V, 192.