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-elles ? Est-ce comme essence des êtres ? cela est impossible, puisqu’elles en sont séparées : elles ne se trouvent pas dans les objets qui en participent. Sont-elles des causes de mouvement ? pas davantage ; car on ne nous dit pas quel rapport unit les idées et les êtres sensibles. Prétendre que ces derniers participent des idées, c’est employer une expression vague qui n’explique rien, c’est faire, dit Aristote, des métaphores poétiques. Platon lui-même semble passer condamnation sur ce point, puisqu’il admet que pour un grand nombre de choses qui existent, les objets de l’art par exemple, il n’y a pas d’idées. L’idée est inutile pour la production, elle est dans l’impuissance de jamais l’expliquer. Enfin les idées ne peuvent pas prétendre non plus au titre de cause finale, quoique Platon ait admis que l’un des éléments de la dyade était le bien.

Sans accepter ni rejeter entièrement ces accusations, essayons de pénétrer plus avant dans le système de Platon, et de parcourir dans ses détours cet édifice dont nous ne voyons ici qu’une face.

La théorie des idées n’était point isolée dans l’enseignement de Platon, elle était intimement liée à sa théologie ; pour la bien comprendre il ne faut point l’en séparer. On sait quelle était la méthode platonicienne : s’élever graduellement du particulier au général, du général à l’unité[1]. Toutes les fois qu’il s’agit de l’idée, Platon ne s’inquiète point d’abord de la ramener à quelque chose de supérieur ; il l’étudie en elle-même,

  1. Philèbe.