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Ce qui avait frappé Platon comme les Pythagoriciens, c’était l’unité et l’harmonie de l’univers, les rapports et les différences des êtres qui le composent. Il n’absorbait pas, comme on le lui a reproché, l’individu dans le genre ; il ne niait point la pluralité des êtres : bien loin de là, il la défendait contre les Sophistes[1] ; mais il n’admettait pas que cette pluralité fût l’objet de la science. Elle était l’objet de l’opinion (δόξα), c’est-à-dire d’une demi-connaissance, intermédiaire entre la science et l’ignorance. Les êtres sensibles sont sujets à une multitude de transformations, ils sont dans un flux perpétuel ; ils ne peuvent renfermer qu’une ombre affaiblie de cette vérité immuable à laquelle aspire la science, et qu’elle ne rencontrera que dans l’étude du général. D’un autre côté, la plupart des mots que renferment les langues, les mots homme, arbre, sont des noms communs, ils expriment une notion commune au genre, embrassant plusieurs individus. Connaître ce genre, connaître les faits généraux qui dominent et expliquent les faits particuliers, tel doit être le but de la science, de la philosophie ; il faut s’élever des individus aux espèces, des espèces aux genres, c’est-à-dire aux idées, aux choses universelles[2] : les Idées, en tant qu’elles s’appliquent à plusieurs êtres, sont des universaux ; elles sont l’unité dans la pluralité. Il faut enfin, pour compléter la science, remonter jusqu’à l’unité dans laquelle tous les genres viennent se réunir. C’est dans

  1. Voyez le Parménide.
  2. Philèbe.