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latin (latinos homines) ; on excitait un zèle qui ne devait point être stérile : mais l’on disait que c’était une chose bien triste, après la perte à peu près complète des autres commentaires d’Alexandre, de ne posséder même pas en entier le commentaire sur la Philosophie première. C’est-là ce que me marquaient les lettres de mes amis de l’Académie de Bologne, du Gymnase de Padoue ; c’est-là ce que tous les gens instruits de Rome ne cessaient de me répéter[1]. Il était difficile de ne pas se troubler à ce concert unanime ; et pourtant, je le déclare, ce n’était point assez pour me convaincre. Je restais dans le doute, parce que toutes ces assertions n’étaient pas accompagnées des preuves à l’appui ; et aussi, parce que j’ai vu paraître de mon temps une foule de prétendus Aristarques, qui, cherchant à faire du nouveau, sont moins génés pour décider sur tout un livre de philosophie, après la lecture d’une page ou deux, qu’Aristarque lui-même pour décider sur un vers d’Homère, et dont les assertions téméraires, acceptées comme vraies par le vulgaire ignorant, gagnent les gens instruits, et ne peuvent être enfin repoussées qu’à l’aide d’arguments décisifs.

« Il y a quatre moyens de déterminer l’authenticité d’un commentaire philosophique ; à savoir, par l’ancienneté des titres, par le caractère du style, par la concordance des doctrines, enfin par les preuves historiques. Or, toutes ces raisons établissent que l’ouvrage est d’Alexandre d’Aphrodisée ; toutes sans exception, et telle est sur ce point ma certitude que je puis assez admirer la témérité, ou, si l’on veut une autre expression, la légèreté (levitas) de celui qui osa si effrontément (tam impudenter) propager une opinion si extravagante (tam fatuum commentum).

« En effet, sans rien préjuger des titres des manuscrits que je n’ai pas consultés, sans prétendre qu’on n’a rien de bien avéré à nous en dire, ce que je puis affirmer, c’est que les quatre manuscrits les plus anciens, ceux dont j’ai suivi le

  1. C’est pendant son séjour en Italie que Sepulveda a fait sa traduction.