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Telle est, pour chaque homme…

Bekker, p. 1009 ; Brandis, p. 78 :

Ὡς γὰρ ἕκαστος ἔχει κρᾶσιν μελέων πολυκάμπτων,
Τὼς νόος ἀνθρώποισι παρίσταται. Τὸ γὰρ αὐτὸ
Ἔστιν ὅπερ φρονέει μελέων φύσις ἀνθρώποισι
Καὶ πᾶσιν καὶ παντί· τὸ γὰρ πλέον ἐστὶ νόημα.

Simon Karsten, afin de rendre la période mieux cadencée (concinnius quia congruit sequenti τὼς νόος…), a lu : ὡς γὰρ ἑκάστῳ ἔχει… Il pouvait ajouter que ἑκάστῳ se trouve dans quelques manuscrits. Le sens reste toujours le même. Karsten donne ensuite πολυπλάγκτων, au lieu de πολυκάμπτων ; correction arbitraire, et au moins inutile, car πολυκάμπτων s’applique également à tous les membres, tandis que πολυπλάγκτων ne peut guère être que l’épithète des jambes, et, quoiqu’en dise Karsten, une épithète banale. Le même critique propose pour καὶ πᾶσιν καὶ παντί, deux sens différents. Il y voit d’abord un pléonasme dans le genre de ὅλῳ καὶ παντί, πᾶν διὰ παντός, et c’est-là le sens qui lui plaît le mieux, car il n’indique l’autre que sous une forme dubitative : nisi forte… Cet autre sens, c’est celui que nous avons adopté. On rencontre fréquemment dans les meilleurs prosateurs, surtout chez Thucydide, πᾶς τις employé pour ἕκαστος. Pourquoi πᾶς n’aurait-il pas, seul, en poésie, et particulièrement en opposition avec πάντες, la même valeur que πᾶς τις en prose ? Quant au premier sens de Karsten, il repose sur une assimilation arbitraire : dans les deux exemples cités, il n’y a pas de pluriel, et par conséquent, pas d’opposition entre les termes.

Τὸ γὰρ πλέον revient, dans les vers de Parménide, à ἐναύξεται ou ἀέξεται dans celui d’Empédocle. Karsten cite ces paroles de Théophraste : Δυοῖν ὄντοιν στοιχείοιν, κατὰ τὸ ὑπέρϐαλλόν ἐστιν ἡ γνῶσις. Ἐὰν γὰρ ὑπεραίρῃ τὸ θερμὸν ἢ τὸ ψυχρὸν ἄλλην γίνεσθαι τὴν διανοίαν. Nous ajouterons qu’Asclépius, Schol. p. 671, donne la même explication que Théophraste : Τὸ γὰρ πλέον νόημα