Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/422

Cette page a été validée par deux contributeurs.

p. 494. Puis Sturtz remarque, et avec raison, qu’Alexandre est peu explicite sur ce point ; que Simplicius dans son commentaire sur le De anima n’a pas éclairci la question : obscuriuscule dicit ; que Philopon ne dit qu’un mot sur ce passage dans son commentaire sur la Métaphysique ; et, profitant de quelques expressions dubitatives du même commentateur au sujet du même passage dans le De anima, il conclut que les anciens eux-mêmes ont douté de l’exactitude de l’interprétation qu’Aristote a donnée des doctrines d’Empédocle. Enfin il propose lui-même son explication : « Pro præsenti rerum conditione, pro re nata, crescit hominibus prudentia, hoc est, experientia duce homines evadunt sapientiores ac prudentiores. » p. 500.

Ainsi voilà πρὸς παρεὸν γὰρ… réduit à une signification purement morale ; c’est une sentence dans le genre du vers fameux de Solon :

Γηράσκω δ’ αἰεὶ καινὰ διδασκόμενος.

Mais alors Sturtz est tombé en contradiction avec lui-même Michel Néander, dans son Opus aureum, t. I, p. 524, s’exprimait ainsi : « Tam diu discendum est, quam diu nescias, et, si proverbio credimus, quam diu vivas. » L’explication de Sturtz revient tout à fait à la phrase de Néander. Pourquoi donc Sturtz a-t-il dit en parlant de cette dernière : « Cette explication me plairait assez. Mais Empédocle est un Physicien. Il faut en chercher une autre. » p. 495. Du reste on a déjà fait sans doute une remarque qui détruit toutes ces objections. Aristote avait sous les yeux le poème d’Empédocle ; nous n’en avons que quelques vers. Les données nous manquent pour juger par nous-mêmes. Il y aura toujours entre les explications des modernes, quelque ingénieuses, quelque vraisemblables qu’on les imagine, et les explications d’Aristote, quand elles sont claires, positives, catégoriques, la différence de l’hypothèse au fait, de l’apparence à la réalité.