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suivant lui, la privation, mais au contraire l’augmentation ; il s’agit du mélange, de la confusion, portés au plus haut point. Voyez Schol. p. 667.

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La pensée est, chez les hommes, en raison de l’impression du moment.

Bekker, p. 1009 ; Brandis, p. 78 :

Πρὸς παρεὸν γὰρ μῆτις ἐναύξεται ἀνθρώποισι.

Nous ne remarquerons pas la leçon ἀέξεται qui était peut-être préférable à ἐναύξ. ; elle ne change rien au sens. L’interprétation de ce vers est donnée par Aristote lui-même non-seulement ici, mais encore dans le De anima, III, 3, Bekker, p. 417 : « Les anciens prétendent que la pensée et la sensation sont la même chose. Telle est l’opinion d’Empédocle quand il dit : Πρὸς παρεὸν… » Nous avons donc dû entendre παρεον dans le sens de état actuel, impression du moment ; πρός marque le rapport nécessaire de la pensée et de l’impression, et ἐναύξ. ou ἀέξεται, non-seulement l’augmentation, mais en général l’état de la pensée à tous ses degrés, depuis le plus faible et le plus imperceptible, depuis la notion la plus vulgaire, jusqu’aux plus sublimes conceptions.

Sturtz, dans son ouvrage sur Empédocle, que nous avons déjà cité, attaque le commentaire même d’Aristote sur le vers du philosophe : « On trouve plusieurs passages chez les anciens, où il est dit qu’Empédocle ne distinguait pas la sensation de la pensée. Mais je ne puis me résoudre à croire que telle ait été son opinion. Je suis d’avis, qu’il ne faut pas entendre autre chose par ce que dit Empédocle, sinon, que l’âme, dès qu’elle est privée du secours des sens, ne peut plus avoir aucune connaissance des objets corporels. » Empedocles Agrigentinus, p. 493. Et plus loin : « Je suis d’un avis tout-à-fait contraire à celui d’Aristote, et je ne comprends pas bien qu’il ait pu inférer des paroles d’Empédocle que ce philosophe confondait la pensée et la sensation. »