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Page 98. Dans ce cas, en effet, la substance qui auparavant n’était pas, existe maintenant ; celle qui était auparavant, cesse d’exister. N’est-ce pas là pour la substance, une production et une destruction ?

Les anciennes éditions donnaient, d’après la plupart des mss. : Δοκεῖ μὲν γὰρ ἡ οὐσία μὴ οὖσα πρότερον, νῦν εἶναι, ἢ πρότερον οὖσα, ὕστερον μὴ [μετὰ τοῦτο γίγνεσθαι καὶ φθείρεσθαι ταῦτα πάσχειν]. Cette leçon est évidemment défectueuse. Brandis opère un changement considérable et lit d’abord : Δ. μ. γ. ἡ οὐσία ἐὰν μὴ οὖσα πρότερον, ἢ πρότερον οὖσα, ὕστερον μή ᾖ, μετὰ τοῦ γ. κ. φ. τ. π. page 58. Mais il craint d’être allé trop loin, et en effet il y a contradiction dans les termes de la phrase ; il propose en note de lire : πρότερον, νῦν ᾖ, ἤ, ce qui rend le sens beaucoup plus satisfaisant. C’est à cette dernière leçon que s’est arrêté Bekker, p. 1002.

Notre traduction ne s’éloigne pas, au fond, de celle qu’on aurait eue en se conformant au texte de Bekker. Ce n’est pas néanmoins que nous approuvions toutes ces corrections. Nous pensons qu’Aristote avait indiqué seulement le fait, laissant au lecteur le soin de tirer la conséquence : la phrase s’arrêtait à ὕστερον μή ; et l’opposition de la phrase suivante τὰς δὲ στιγμὰς κ. τ. λ. suffisait pour faire comprendre la pensée. Μετὰ τοῦτο γ. κ. φ. τ. π. n’est qu’une glose maladroitement intercalée, et qu’on ne s’est même pas donné la peine de faire concorder grammaticalement avec ce qui précède. Éditeurs, au lieu de tomber dans l’arbitraire, nous eussions retranché cette fin de phrase, ou nous eussions fait comme les anciens éditeurs qui ont mis entre crochets ces mots douteux. Traducteurs, nous avons profité de la glose, pour donner dans toute son étendue l’argument d’Aristote.