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par les Atomistes. Les corps, selon eux, diffèrent soit par la position des parties, soit par l’ordre et la configuration, et ces différences sont des principes ; mais leurs idées à ce sujet sont tellement vagues qu’on peut douter qu’ils s’en soient bien rendu compte eux-mêmes, et qu’ils se soient élevés à la conception scientifique du principe formel.

Tous ces systèmes, on le voit, ont abordé la vérité par quelque point ; ils ont admis quelques-unes des causes énoncées par Aristote ; mais il en ont parlé généralement d’une manière si obscure, si incomplète, qu’on est en droit de dire avec Aristote qu’ils ont vu et n’ont pas vu la vérité. Le mouvement surtout semble avoir embarrassé les premiers philosophes. Ils ont bien aperçu que le mouvement doit avoir un principe ; mais préoccupés, comme ils l’étaient pour la plupart, du point de vue la matière, ils ne savaient quelle idée se former de ce principe. Parménide et Empédocle lui donnent bien une existence indépendante, supérieurs en cela à leurs contemporains et à leurs prédécesseurs, qui ne le séparaient pas de la matière ; mais qu’est-ce que l’Amour[1] pour Parménide ? qu’est-ce que l’Amitié et la Discorde[2] pour Empédocle ? en quoi consiste l’action de ces principes ? ils ne nous le disent pas. Contents d’avoir trouvé une explication telle quelle, ils se tiennent dans de vagues généralités, ils ne songent point à pousser plus loin leurs recherches.

  1. Ἔρως.
  2. Φιλία καὶ νεῖϰος.