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compte des apparences sensibles ; mais il n’en maintient pas moins l’unité du tout. Le principe du mouvement, la cause finale, ne peuvent guère trouver place dans un pareil système. L’idée d’un dieu se rencontre bien chez ces philosophes. Xénophane lui-même, quoique nourri dans les opinions des Ioniens, s’en forme déjà une idée assez élevée, sans distinguer cependant Dieu de la matière[1]. Mais la divinité pour eux n’est pas une cause de mouvement ; tout est immobile.

Les Atomistes renversent la question : ce qu’ils voient dans la nature, c’est surtout le côté sensible, que les Éléates avaient négligé ; mais ils ne pénètrent guère plus avant qu’eux dans la question ontologique. Leucippe et Démocrite admettent pour principes le plein et le vide, l’être et le non-être ; puis, ces principes ne leur suffisant pas, ils introduisent la cause du mouvement ; mais bien loin d’en faire un principe séparé, ils l’identifient avec la matière. Les atomes jouissent d’un mouvement éternel ; les diverses transformations du monde ne sont que le résultat de ce mouvement inhérent à la matière. Considérer ainsi la cause du mouvement, c’est la supprimer, ou du moins, ce n’est pas en traiter d’une manière scientifique. Ces spéculations ressemblent à celles des philosophes mathématiciens du XVIIIe siècle, qui expliquaient tous les phénomènes par des lois générales, sans rapporter ces lois à un principe qui pût les expliquer.

La cause essentielle semble avoir été entrevue aussi

  1. Liv. I, 5.