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est donc soit le moteur, soit la matière ; mais la matière n’en est qu’accidentellement la substance ; car, bien qu’elle soit inséparable de la forme, elle ne la contient pas, elle est la condition et rien de plus ; le moteur, au contraire, contient le principe final. En résumé, ce principe n’existe point par soi ; il réside dans le moteur comme dans sa vraie substance ; mais il n’en est pas moins distinct de ce qui le renferme. Ainsi, d’une part la matière, de l’autre le moteur, la fin et la forme ; la forme s’identifiant avec la fin, laquelle se rattache au moteur comme à son sujet.

« La réduction peut, selon nous, être poussée plus loin encore. Le principe final, avons-nous dit, se distingue du principe moteur, en y résidant. Il n’y a aucun moyen de les identifier. Le moteur ne peut absorber le principe final ; le principe final peut encore moins absorber le moteur. Aristote, d’ailleurs, n’a nulle part tenté l’identification des deux principes. Mais ce dualisme peut très bien se ramener à un principe supérieur. Dans le sein de l’acte pur (ἑνεργία) se confondent le moteur et la fin ; l’acte pur, en effet, c’est l’être parfait ; or, le caractère même de la perfection pour un être, est de se suffire à soi-même, et par conséquent d’être le principe et le but de tous ses mouvements. C’est pourquoi Aristote pose partout l’acte pur à la fois comme cause motrice et comme cause finale. Voilà donc le principe final dont la forme n’est qu’une modification s’absorbant avec le moteur dans l’acte pur. D’un autre côté, la matière réduite à sa plus simple expression n’est, comme on sait, que la puissance. Poussée jusque là, la réduction est parvenue à son terme. Dans la pensée d’Aristote, un abîme sépare l’acte de la puissance, l’être du possible. Ces deux principes s’excluent, loin de s’identifier. » Théorie des premiers principes, selon Aristote, p. 43 sqq.

Page 12. Car ce qui fait qu’une chose est, est tout entier dans la notion de ce qu’elle est. Bekker, p. 983 ; Brandis, p. 9 : Ἀνάγεται γὰρ τὸ διὰ τί (anc. éd. : τὸ διὰ τί πρῶτον) εἰς τὸν λόγον ἔσχατον.