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Ces philosophes suppriment aussi, ou pour mieux dire, oublient la cause du mouvement, et cependant toute production, toute destruction provient d’un principe, et ce principe n’est pas inhérent à la matière : ce n’est pas le bois qui fait le lit, ni l’airain la statue[1]. La cause du mouvement supprimée, le monde reste sans explication ; toute production, toute destruction est impossible. Quant à l’essence, au principe du bien, ces philosophes n’en parlent pas davantage. Des quatre principes posés par Aristote, un seul a été admis par cette école, la substance, et encore la substance considérée sous le point de vue exclusif de la matière.

Les Éléates vont plus loin ; ils n’oublient pas la cause du mouvement, comme les philosophes antérieurs, ils la suppriment à dessein. Ce qui les frappe surtout, c’est l’unité du monde, et ils absorbent dans cette unité la pluralité des phénomènes. La grande question à résoudre, celle que toute philosophie un peu élevée doit nécessairement rencontrer sur son chemin, c’est l’explication de l’unité dans la pluralité[2] ; au lieu de rien expliquer, les Éléates tranchent la question, en niant, du point de vue de la raison, l’existence de la pluralité attestée par les sens ; le changement, la production leur semblent chose impossible. L’univers est un, il est dans une immobilité perpétuelle. Parménide admet bien deux autres principes, le chaud et le froid, le feu et la terre, pour rendre

  1. Liv. I, 3.
  2. Ἓν ἐπὶ πολλῶν.