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II.

L’être proprement dit s’entend dans plusieurs sens. Il y a d’abord l’être accidentel, puis l’être qui désigne la vérité, et, en regard, le non-être qui désigne le faux ; de plus, chaque forme de l’attribution est une manière d’envisager l’être : on le considère sous le rapport de l’essence, de la qualité, de la quantité, du lieu, du temps et sous les autres points de vue analogues ; enfin il y a l’être en puissance et l’être en acte.

Puisqu’il s’agit des diverses acceptions qu’on donne à l’être, nous devons remarquer avant tout qu’il n’y a aucune spéculation qui ait pour objet l’être accidentel ; et la preuve, c’est qu’aucune science, ni pratique, ni créatrice, ni théorétique, ne tient compte de l’accident. Celui qui fait une maison ne fait pas les accidents divers dont cette construction est le sujet, car le nombre de ces accidents est infini. Rien n’empêche que la maison construite paraisse agréable aux uns, désagréable aux autres, utile à ceux-ci, et revête, pour ainsi dire, toute sorte d’êtres divers, dont aucun n’est le produit de l’art de bâtir. De même aussi le géomètre ne s’occupe ni des accidents de ce genre dont les figures sont le sujet, ni de la différence qu’il peut y avoir entre le triangle réalisé et le triangle qui a la somme de ses trois angles égale à deux angles droits. Et c’est avec raison qu’on en use ainsi : l’accident n’a, en quelque sorte, qu’une existence nominale.