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Il est évident, par ce qui précède, que la Physique est une science théorétique. La Science mathématique est théorétique aussi ; mais les objets dont elle s’occupe sont-ils réellement immobiles et indépendants ? c’est ce que nous ne savons point encore[1] ; ce que nous savons toutefois, c’est qu’il est des êtres mathématiques qu’elle considère en tant qu’immobiles, et en tant qu’indépendants. Or, s’il y a quelque chose de réellement immobile, d’éternel, d’indépendant, c’est évidemment à la science théorétique qu’en appartient la connaissance. Et certes, cette connaissance n’est pas le partage de la Physique, car la Physique a pour objets des êtres susceptibles de mouvement ; elle ne revient pas non plus à la Science mathématique, mais à une science supérieure à l’une et à l’autre. La Physique étudie des êtres inséparables de la matière, et qui peuvent être mis en mouvement ; quelques-uns de ceux dont traite la Science mathématique sont immobiles, il est vrai, mais inséparables peut-être de la matière, tandis que la Science première a pour objet l’indépendant et l’immobile. Toutes les causes sont nécessairement éternelles ; les causes immobiles et indépendantes le sont par excellence, car elles sont les causes des phénomènes célestes[2]

  1. L’examen de cette question remplit presque tout le XIIIe et le XIVe livre.
  2. Asclépius, Schol, p. 735 : « Supposons qu’un principe périsse, il se résoudra dans un autre principe ; et ainsi de suite à l’infini. C’est donc de toute nécessité, comme le dit Aristote, que les causes sont éternelles, surtout les causes premières, les causes des phénomènes célestes, c’est-à-dire les principes des principes. » — Voyez aussi liv. XII, 7, 8.