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traitent uniquement de ce genre, de cet objet, sans entrer dans aucune considération sur l’être proprement dit, ni sur l’être en tant qu’être, ni sur l’essence des choses. Elles partent de l’être, les unes de l’être révélé par les sens, les autres de l’essence admise comme fait fondamental[1] ; puis, abordant les propriétés essentielles au genre d’être dont elles s’occupent, elles tirent des principes, des démonstrations plus ou moins absolues, plus ou moins probables. Il est clair qu’il ne sort d’une telle induction, ni une démonstration de la substance, ni une démonstration de l’essence : c’est une autre méthode de démonstration qu’il faut pour arriver à ce résultat. Par la même raison elles ne disent rien de l’existence ou de la non-existence du genre d’êtres dont elles traitent ; car, montrer ce que c’est que l’essence, et prouver l’existence, dépendent de la même opération intellectuelle.

La Physique est la science d’un genre d’êtres déterminé ; elle s’occupe de cette substance qui possède en elle le principe du mouvement et du repos. Évidemment elle n’est ni une science pratique, ni une science créatrice. Le principe de toute création, c’est, dans l’agent, ou l’esprit, ou l’art, ou une certaine


  1. Ὑπόθεσιν. Le sens de ce mot n’est pas le même dans la langue d’Aristote que celui de notre mot hypothèse. L’ὑπόθεσις est une proposition dont la vérité est affirmée, et qui sert de base à la science ; base, non pas arbitraire comme l’hypothèse, mais légitime, non pas imaginaire, mais réelle. L’ὑπόθεσις et la définition sont les deux faces sous lesquelles se présente la θέσις, c’est-à-dire le principe propre de chaque science particulière : Θέσεως δ’ ἡ μὲν ὁποτερονοῦν τῶν μορίων τῆς ἀποφάσεως λαμϐάνουσα, οἶον λέγω τὸ εἶναί τι, ὑπόθεσις· ἡ δ’ ἄνευ τούτου ὁρισμός. Analyt. poster., I, 2. Bekker, p. 72.