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et peut-être affirmé avec vérité, mais qui n’est cependant ni nécessaire ni ordinaire. Supposons qu’en creusant une fosse pour y planter un arbre, on trouve un trésor. C’est accidentellement que celui qui creuse une fosse trouve un trésor ; car l’un n’est ni la conséquence, ni la suite nécessaire de l’autre, et il n’est pas ordinaire non plus qu’en plantant un arbre on trouve un trésor. Supposons encore qu’un musicien soit blanc ; comme ce n’est ni nécessaire, ni général, c’est-là ce que nous nommons un accident. Si donc une chose, quelle qu’elle soit, arrive à un être, même avec circonstances de lieu et de temps, mais qu’il n’y ait pas de cause qui détermine son essence, soit actuellement, soit dans tel lieu, cette chose sera un accident. L’accident n’a donc aucune cause déterminée, il n’a qu’une cause fortuite : or, le fortuit c’est l’indéterminé.[1]. C’est par accident qu’on aborde à Égine, quand on n’est point parti avec l’intention d’y aller, mais qu’on y est venu, poussé par la tempête, ou pris par des pirates. L’accident s’est produit, il existe, mais il n’a pas sa cause en lui-même, il n’existe qu’en vertu d’autre chose. C’est la tempête qui a été cause que vous avez abordé là où vous ne vouliez point, et ce lieu, ç’a été Égine.

Le mot accident s’entend encore d’une autre manière ; il se dit de ce qui existe de soi-même dans un objet, sans être un des caractères distinctifs de son essence : telle est cette propriété du triangle que ses


  1. Voyez liv. VI, 3, et liv. XIII, 8.