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silhouette, un songe : ils ont bien quelque réalité, mais ils ne sont point les objets dont ils représentent l’image. Ainsi, on dit que les choses sont fausses, ou parce qu’elles ne sont pas absolument, ou parce qu’elles ne sont que des apparences et non des réalités

Une définition fausse est celle qui exprime des choses qui ne sont pas ; je dis fausse en tant que fausse. Ainsi toute définition quelconque sera fausse quand elle portera sur un autre objet que celui relativement auquel elle est vraie : par exemple, ce qui est vrai du cercle est faux du triangle. La définition de chaque être est une, sous un point de vue, car on définit par l’essence ; sous un autre point de vue elle est multiple, car il y a l’être en soi, puis l’être avec ses modifications ; il y a Socrate, et Socrate musicien. Mais la définition fausse n’est proprement définition de rien.

Ces considérations montrent la sottise de ce que dit Antisthène, qu’on ne peut donner d’un même être qu’une seule définition, la définition propre ; d’où il résulterait qu’il n’y a pas de contradiction, et, en dernier résultat, que rien n’est faux. Mais remarquons qu’on peut définir chaque être non point seulement par sa propre définition, mais encore par celle d’un autre être ; définition fausse alors, ou absolument fausse[1], ou vraie sous un point de vue[2] : on peut dire que huit est double, et c’est-là la notion même


  1. Quand on définit un genre par la notion d’un autre genre, une espèce par celle d’une autre espèce, un individu par celle d’un autre individu.
  2. Quand on donne à l’individu la définition de l’espèce, à l’espèce celle du genre.