Page:Aristote Metaphysique 1840 1.djvu/358

Cette page a été validée par deux contributeurs.

alternativement revêtir un être ; ainsi le blanc et le noir, le doux et l’amer, la pesanteur et la légèreté, et toutes les autres qualités de ce genre. Dans un autre sens, c’est l’acte même de ces qualités, le passage de l’une à l’autre. Passion, dans ce dernier cas, se dit plutôt des qualités mauvaises : c’est surtout aux tendances déplorables et nuisibles que ce nom s’applique. Enfin, on donne le nom de passion, à un grand, un cruel malheur.

XXII.

On dit qu’il y a Privation[1], ou bien quand un être n’a pas quelque qualité qui ne doit point se trouver en lui, qu’il n’est pas dans sa nature d’avoir : c’est dans ce sens qu’on dit qu’une plante est privée d’yeux ; ou bien lorsque cette qualité devant naturellement se trouver en lui ou dans le genre auquel il appartient, il ne la possède pas cependant. Ainsi l’homme aveugle est privé des yeux d’une tout autre manière que la taupe ; dans le dernier cas, la privation est un fait général, dans l’autre, c’est un fait individuel. Il y a encore privation lorsqu’un être devant naturellement avoir une qualité, et à une époque déterminée, ne l’a


  1. Στέρησις.