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n’y a rien, pas même une seule partie[1]. Ainsi, telle durée déterminée est parfaite, lorsqu’en dehors de cette durée il n’y a pas quelque durée qui soit une partie de la première. On appelle encore parfait ce qui, sous le rapport du mérite et du bien, n’est pas surpassé dans un genre particulier. On dit : Un médecin parfait, un parfait joueur de flûte, lorsqu’il ne leur manque aucune des qualités propres à leur art. Cette qualification, s’applique, par métaphore, même à ce qui est mauvais. On dit : Un parfait sycophante ; un parfait voleur ; on leur donne bien le nom de bons : Un bon voleur, un bon sycophante. Le mérite d’un être est aussi une perfection. Chaque chose, chaque essence est parfaite lorsque dans le genre qui lui est propre, il ne lui manque aucune des parties qui constituent naturellement sa force et sa grandeur. On donne encore le nom de parfaites aux choses qui tendent à une bonne fin. Elles sont parfaites en tant qu’elles ont une fin[2]. Et comme la perfection est un point extrême, on applique métaphoriquement ce mot même aux choses mauvaises, et l’on dit : Cela est parfaitement perdu, parfaitement détruit, lorsqu’il ne manque rien à la destruction et au mal, lorsqu’ils sont arrivés au dernier terme. C’est pour cela que le mot


  1. . Le mot propre, ici, serait plutôt complet ; mais nous avons dû employer le mot parfait à cause de ce qui suit.
  2. Τέλος, τέλειον, et plus loin τελευτή : ces analogies manquent dans notre langue. De là, nécessairement, quelque chose de forcé dans la traduction, tandis que tout se tient et s’enchaîne admirablement dans l’original. Ce n’est pas la première fois que nous aurions pu faire une pareille remarque.