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se fait au hasard, que tout a un but ; la raison nous dit que tout mouvement doit avoir une direction, une fin. Cette fin est un quatrième principe, La cause finale, comme on l’appelle, c’est le bien, le bien de chaque être, le bien de l’univers, le bien absolu ; c’est Dieu sous un autre point de vue.

Tels sont les principes fondamentaux de la science ; et il est évident qu’il n’existe ni une série infinie de causes, ni une infinité d’espèces de causes. Il faut nécessairement s’arrêter à des causes premières, qui n’ont d’autre raison qu’elles-mêmes. La pensée a besoin de point d’arrêt[1] ; la science n’est possible qu’à cette condition.

Nous devons remarquer ici, que s’il est vrai de dire que l’intelligence s’élève à la notion de ces quatre causes, qu’elles suffisent à l’explication de l’univers, qu’il est inutile d’avoir recours à un plus grand nombre ; là cependant ne s’arrête pas la science : ce n’est point assez d’avoir établi d’un côté l’existence de la matière et de la forme, l’existence des individus, de l’autre le principe éternel, cause de tout mouvement et de tout bien ; il faut chercher à concilier ces principes, généraliser encore, et s’élever à cette unité à laquelle aspire la science, et en dehors de laquelle on ne saurait rencontrer cette harmonie qui seule peut satisfaire la raison. Dans la pensée d’Aristote, la matière, la forme sont éternelles ; ce sont des principes indépendants, et, à ce titre, la matière est Dieu tout aussi bien que l’éternel moteur. Si, comme il le dit, la

  1. Liv. II, ch. 2.