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XIV.

La Qualité[1] est d’abord la différence qui distingue l’essence : ainsi l’homme est un animal qui a telle qualité, parce qu’il est bipède ; le cheval, parce qu’il est quadrupède. Le cercle est une figure qui a aussi telle qualité : il n’a pas d’angles. Dans ce sens, qualité signifie donc la différence qui distingue l’essence. Qualité peut aussi se dire des êtres immobiles et des êtres mathématiques, des nombres par exemple. Ainsi les nombres composés, et non ceux qui ont pour facteur l’unité ; en un mot, ceux qui sont des imitations du plan, du solide, c’est-à-dire les nombres carrés, les nombres cubes : et, en général, l’expression qualité s’applique à tout ce qui, dans l’essence du nombre, est autre que la quantité. L’essence du nombre, c’est d’être le produit d’un nombre multiplié par l’unité : l’essence de six, ce n’est point deux fois, trois fois un nombre, mais une fois, car six, c’est une fois six. Qualité se dit encore des attributs des substances en mouvement. Telles sont la chaleur et le froid, la blancheur et la noirceur, la pesanteur et la légèreté, et tous les attributs de ce genre que peuvent revêtir tour à tour les corps dans leurs changements alternatifs. Enfin cette expression s’applique à la vertu et au vice, et en général, au mal et au bien.


  1. Ποιόν. Lisez dans les Catégories, ch. 8. Bekk., p. 8 sq.. le long article de la Qualité. Celui-ci n’en est que l’abrégé.