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sont. La forme de l’homme ne consiste pas dans des bras, des jambes, une tête disposée de telle manière ; elle consiste dans l’âme, dans ce qui en fait un être raisonnable, dans ce qui le distingue des animaux, il existe ainsi des êtres, des substances, non pas des substances abstraites, sans attributs ni qualités, mais des substances réalisées, des substances soit pensantes soit matérielles, avec telle forme, avec telle qualité ; mais l’univers n’est point encore expliqué quand on l’a ramené à ces deux principes : s’il n’y avait que la forme et la substance, le monde serait un théâtre sans vie ; tout resterait dans une perpétuelle immobilité. Chaque être y serait avec sa forme et sa substance ; mais inerte, sans action sur lui-même, sans pouvoir changer sa manière d’être, restant éternellement ce qu’il était d’abord. Tel n’est point le monde qui est sous nos yeux, tel n’est point l’homme partie de ce monde. Tout change, une forme succède à une autre : l’homme succède à l’homme, la plante à la plante, un éternel mouvement anime tout l’univers. Le mouvement, la nature ne se l’est point donné à elle-même ; on ne peut point dire, pour nous servir de l’exemple que donne quelque part Aristote, que l’homme a été mis en mouvement par l’air, l’air par le soleil, le soleil par la Discorde, et ainsi à l’infini[1] ; il faut de toute nécessité s’élever à la conception d’un premier moteur, immobile lui-même, et cause éternelle de tout mouvement, et ce moteur unique, c’est Dieu. Enfin, si nous étudions la nature, nous verrons que rien ne

  1. Liv. II, ch. 2.